Exercer en tant que profession libérale implique une grande autonomie, mais aussi une protection sociale limitée. Car contrairement aux salariés, vous ne bénéficiez d’aucune prévoyance d’entreprise pour faire face aux aléas de la vie. Ainsi, un arrêt de travail, une invalidité ou un décès peuvent dramatiquement fragiliser votre situation financière et celle de vos proches.
Pour garantir la continuité de vos revenus et préserver votre patrimoine, souscrire une prévoyance est donc indispensable.
Cet article revient sur l’importance de la prévoyance et vous donne les points clés à connaître pour choisir la meilleure couverture. Ce contenu a été réalisé en collaboration avec Clément Janicot, fondateur de Gus Assurance, courtier spécialisé en prévoyance pour les professions libérales.
Quelle protection sans prévoyance ?
💡 La prévoyance permet de compléter ce qui est prévu par la protection sociale en cas d’arrêt de votre activité.
En cas d’arrêt de travail
Pendant les 90 premiers jours de votre arrêt de travail, la Sécurité sociale couvre une partie de votre perte de revenus. Au-delà, seules certaines caisses de prévoyance prennent le relais, et pour une durée maximale de 3 ans :
- CARMF (médecins)
- CARPIMKO (paramédicaux : kinés, infirmières et orthophonistes)
- CAVEC (experts-comptables)
- CARCDSF (chirurgiens-dentistes et sages-femmes)
⚠️ En revanche, la CIPAV (ostéopathes, psychologues) ne vous couvrira plus à partir du 4ème mois.
Enfin, si vous êtes affilié à la SSI (Sécurité sociale des indépendants), les indemnités sont versées directement par la Sécu pendant une durée d’un an.
Les prestations en cas d’invalidité
🚨 Les caisses de prévoyance couvrent généralement uniquement l’invalidité totale, avec des montants souvent limités.
- Pour la sécurité sociale : la rente versée est faible et ne concerne que les cas d’invalidité très grave.
- Ainsi, les indépendants affiliés à la SSI sont particulièrement mal couverts car ils sont protégés uniquement par la Sécurité Sociale.
- Pour les caisses de prévoyance : les prestations varient selon les caisses, certaines étant plus généreuses que d’autres. Par exemple la CARMF, la CARPIMKO, la CARCDSF et la CIPAV prévoient une rente, mais uniquement en cas d’invalidité totale.
En cas de décès
En cas de décès prématuré, certaines caisses, comme la CARMF, la CARPIMKO, la CARCDSF ou la CIPAV, prévoient le versement d’une rente à vos enfants.
De plus, la CARMF et la CARCDSF incluent également un capital décès pour assurer un soutien financier à vos proches.
Les allocations maternité
C’est la Sécurité Sociale qui couvre les professions libérales pendant le congé maternité.
Si vous vous êtes lancée depuis au moins 10 mois à la date prévue de votre accouchement, vous pouvez bénéficier d’aides financières. Mais sous réserve d’interrompre totalement votre activité professionnelle pendant la période d’indemnisation. De plus, cette interruption doit durer au minimum 8 semaines, dont 6 après l’accouchement.
💡 En 2025, l’allocation forfaitaire de repos maternel est de 3 925 €.
En complément, des indemnités journalières vous sont versées pour chaque jour sans activité. Leur montant est calculé sur la base de 1/730e du revenu annuel moyen des trois dernières années, avec un plafond de 64,5 € par jour en 2024 (Cf. ameli.fr).
⛔ Attention, la prévoyance ne permet pas de compenser la couverture limitée pendant le congé légal de maternité. Elle ne couvre qu’en cas de grossesse pathologique.
Pourquoi souscrire une prévoyance est indispensable ?
Comme évoqué précédemment, la protection sociale des indépendants reste limitée et ne vous couvre pas parfaitement en cas d’arrêt de travail prolongé ou d’invalidité.
Souscrire une assurance prévoyance vous permet donc de sécuriser vos revenus et de protéger votre famille face aux imprévus.
Les garanties essentielles
Un contrat de prévoyance comprend plusieurs garanties de base :
- Maintien de revenus (incapacité temporaire de travail) : en cas d’arrêt de travail, vous percevez des indemnités journalières, en complément de celles de la Sécurité sociale et de votre régime obligatoire. Le versement débute après un délai de franchise, généralement de 3 jours en cas d’accident ou d’hospitalisation, et de 15 à 30 jours en cas de maladie. Cette garantie permet par exemple de vous protéger en cas de cancer.
- Invalidité (incapacité permanente) : si vous devenez invalide, totalement ou partiellement, vous percevez une rente jusqu’à votre départ à la retraite. Son montant dépend de votre degré d’invalidité et de son impact sur votre métier.
- Capital décès : une somme est versée à vos bénéficiaires pour garantir leur sécurité financière en cas de décès prématuré. Par ailleurs, ce capital est exempté de droits de succession.
Les options complémentaires
Pour une protection sur mesure, vous pouvez ajouter à votre contrat certaines options :
- Rente éducation : assure le versement d’une rente à vos enfants pour financer leurs études en cas de décès prématuré.
- Garantie conjoint : fonctionne sur le même principe que la rente éducation, mais pour assurer un soutien financier à votre conjoint(e).
Assurance frais généraux : prend en charge les charges fixes de votre entreprise (Urssaf, cotisations de prévoyance, loyer, locations, etc.) en cas d’incapacité de travail, afin d’assurer la continuité de votre activité.
Les critères essentiels pour bien choisir votre prévoyance
Les délais de franchise
Le délai de franchise correspond à la période durant laquelle aucune indemnité n’est versée après un arrêt de travail. Sa durée varie selon la cause de l’incapacité : elle est souvent plus courte pour un accident ou une hospitalisation (0, 3 ou 7 jours) que pour une maladie (généralement 15 ou 30 jours, parfois 7 jours selon les contrats).
Nous vous recommandons la franchise 30/3/3 (maladie, accident, hospitalisation) car la franchise 15/3/3 coûte 15% de plus et n’est pas forcément utile car les maladies bénignes durent généralement moins de 7 jours. Et plus de 30 jours pour les maladies graves.
Délais de carence
Le délai de carence, aussi appelé délai d’attente, désigne la période suivant la souscription du contrat durant laquelle les garanties ne s’appliquent pas encore.
Il est souvent de 3 mois pour les maladies, mais les accidents et hospitalisations sont en général couverts immédiatement.
Couverture des affections dorsales et des troubles psychologiques
Les troubles musculo-squelettiques (notamment les douleurs dorsales) et les maladies psychologiques, (comme le burn-out) font souvent l’objet de restrictions dans les contrats de prévoyance. Ainsi, ces exclusions sont une source fréquente de litiges entre assurés et assureurs.
De même, dans la plupart des contrats une indemnisation n’est prévue qu’en cas d’hospitalisation. Toutefois, certaines assurances proposent des options spécifiques permettant d’élargir la couverture à ces pathologies.
➡️ Avant de souscrire, vérifiez attentivement ces conditions pour éviter les mauvaises surprises.
Prise en charge des complications liées à la grossesse
Durant votre congé maternité, la Sécurité Sociale vous verse des indemnités journalières ainsi qu’une prime de naissance.
En revanche, votre contrat de prévoyance n’intervient généralement qu’en cas de grossesse pathologique. En effet, certaines assurances excluent de nombreuses complications liées à la grossesse ou restreignent leur prise en charge aux situations nécessitant une hospitalisation.
🔎 Il est donc essentiel d’examiner attentivement les conditions de votre contrat pour éviter toute mauvaise surprise. Par exemple, prenez le temps d’analyser les conditions de prise en charge d’une grossesse pathologique si vous avez un projet de bébé.
Garantie invalidité
Vérifiez le taux d’invalidité à partir duquel vous pourrez percevoir une rente, ainsi que le barème appliqué par l’assureur. Celui-ci peut être croisé (basé sur la capacité à effectuer des gestes du quotidien et sur votre métier) ou professionnel (évaluant uniquement l’impact de l’invalidité sur votre activité).
✅ Pour les professions libérales médicales, un barème professionnel est plus adapté car il prend en compte les spécificités physiques de votre activité.
La loi Madelin et la prévoyance : un avantage fiscal
💡Grâce à la loi Madelin, vous pouvez déduire vos cotisations de prévoyance de votre revenu imposable si vous exercez en profession libérale, au régime réel d’imposition. Cela optimise donc votre protection tout en allégeant votre fiscalité et le cout réel de la prévoyance.
En revanche, les auto-entrepreneurs ne sont pas éligibles à ce dispositif et doivent financer leur prévoyance sans aucun avantage fiscal.
Donc avant de souscrire, vérifiez si votre statut vous permet de bénéficier de cette déduction.